Accueillis dans l’une des structures de Krousar Thmey dès leur plus jeune âge, Sreyleab, Han et Minea s’apprêtent désormais à voler de leurs propres ailes : tous trois font partie des jeunes diplômés ayant décroché un emploi en 2023 que nous avions mis à l’honneur dans notre dernière Lettre de famille. Formés aux écoles hôtelières de Sala Bai à Siem Reap et de Don Bosco à Sihanoukville, Sreyleab et Minea exercent à présent comme cuisiniers, tandis que Han a réalisé son rêve de se spécialiser comme boulanger-pâtissier. Embauchés à Sihanoukville, ils ont été soutenus par le programme Orientation Universitaire et Professionnels pendant leur première année dans le monde du travail. Ils ont rencontré les équipes de Krousar Thmey en février pour faire le point sur leur situation.
Cela fait maintenant plusieurs années que les trois jeunes adultes ont quitté le centre de protection et les maisons familiales où ils ont grandi. Ils ont chacun beaucoup appris depuis leur départ. Sreyleab, anxieuse à l’idée de devoir se loger et se nourrir toute seule, a vite été rassurée par les modalités d’études proposées par Sala Bai « L’école offre un logement et prend en charge les repas des étudiants, explique-t-elle. D’une manière générale, je m’angoisse beaucoup moins en imaginant l’avenir, si j’ai des doutes ou un problème, je me renseigne et je trouve une solution ! Depuis l’obtention de mon diplôme, je n’ai pas eu à m’inquiéter. Avec le réseau de Sala Bai, j’ai trouvé facilement un travail dans un hôtel en bord de mer à Sihanoukville. J’ai aussi fait de belles rencontres à l’école, grâce à elles, j’ai pu participer à des voyages d’échanges à Singapour et en Thaïlande ».
Minea et Sreyleab lors de leur rencontre avec les conseillères d’orientation
de Krousar Thmey en février 2024
De son côté, Han a souhaité se débrouiller seul dès son entrée en formation à Don Bosco. Plutôt que de résider au sein de l’établissement, il a fait le choix d’utiliser l’aide financière de Krousar Thmey, 30$ par mois, pour partager un logement avec des amis. « J’ai dû établir un budget très serré mais je m’en suis sorti, raconte Han avec fierté. Maintenant, je gagne bien ma vie et cette expérience m’est utile pour économiser. En vivant seul, je suis aussi devenu plus responsable, j’ai appris à gérer mon temps et mon sommeil. Quand on travaille, il faut se lever à l’heure et on ne peut pas se permettre d’être en retard. » Élève, cuisinier et maintenant professeur à Don Bosco, Minea a lui aussi remarquablement évolué au cours de ces trois dernières années. « Je sais désormais trouver les ressources au fond de moi pour gérer mes émotions et ne pas me laisser submerger par l’instant. Être patient. » En plus de son poste de cuisinier, Minea donne des cours aux premières années et encadre une cinquantaine d’étudiants de Don Bosco. « Mon histoire est similaire à la leur, je comprends certaines de leurs difficultés et j’ai de la compassion pour eux. Quand ils ont des réactions impulsives, je leur répète : pensez avant tout à votre avenir ! »
Sreyleab, Han et Minea n’ont aujourd’hui plus besoin du soutien de Krousar Thmey, ils sont lancés dans la vie. Membres du réseau des anciens bénéficiaires, ils souhaitent à leur tour aider l’ONG. Ils ont aussi pris goût à l’indépendance : tous les trois projettent d’ouvrir un jour leur propre établissement.
